Moteurs ecologiques a pu assister en direct à la pose d’un boîtier E85 permettant de convertir une Renault Clio de 2016 au Superéthanol.
Si l’Europe et le gouvernement mettent le paquet sur la mobilité électrique, à batterie ou à pile hydrogène, nombre d’automobilistes préfèrent d’autres solutions pour rouler moins cher tout en polluant moins.
En tenant compte d’une surconsommation d’environ 20 %, adopter l’E85 permet de réaliser des économies sur le carburant de l’ordre de 40 %. Le gain se chiffre en centaines d’euros à l’année. De sorte que la conversion peut être amortie dès les 12 premiers mois pour les gros rouleurs (25 000 km par an). Côté ravitaillement, pas d’inquiétude. En France, ce sont désormais 2 500 stations-service qui distribuent l’E85.
Si certains constructeurs proposent désormais des véhicules Flexi-fuel en « première monte », il est également possible de convertir son véhicule en faisant installer un boîtier E85 par un professionnel. Garagiste situé à Lanvallay, en Bretagne, Éric Echave nous a reçus pour nous détailler l’opération. Au planning du mardi 3 août 2021 : la conversion à l’éthanol d’une Renault Clio de 2016 équipée d’un moteur essence 0,9 litre 3 cylindres. Le véhicule affiche 38 500 kilomètres au compteur.
Première étape : Identifier le kit à installer
Pour être agréé installateur de boîtiers E85 FlexFuel Energy Development (FFED), Éric Echave a suivi une formation d’une journée à Paris.
« C’était il y a 2 ans. La formation suivie avec d’autres garagistes comprenait une partie théorique et une partie pratique. Une évaluation a suivi l’année dernière, par Internet en raison de la Covid-19. Cette opération de contrôle sera renouvelée tous les 2 ans. Je bénéficie d’une zone de non-concurrence dans laquelle je suis le seul installateur agréé FFED », explique notre interlocuteur.
Le projet de pose d’un appareil commence par une évaluation de la situation. « Le client est passé avec sa voiture pour nous assurer de la possibilité de pose d’un boîtier homologué FFED et vérifier les types de branchement nécessaire », explique Éric Echave. Cette étape permet à la fois de vérifier le bon état mécanique du véhicule et de commander le kit compatible.
Les 2 pièces maîtresses du kit
Le kit de conversion envoyé par FlexFuel Energy Development est composé d’un nombre de pièces réduit. Il comprend un boîtier électronique muni d’une sonde de température pour faciliter les démarrages à froid. Il sera relié au faisceau d’origine des injecteurs avec le câblage fourni.
« Le rôle de ce boîtier consiste à demander aux injecteurs de s’ouvrir plus longtemps pour obtenir le meilleur rendement possible avec un carburant moins inflammable », indique Éric Echave. C’est pourquoi le débit aux injecteurs sera augmenté de 20 % pour un plein de Superéthanol, par rapport au SP95. Ce qui correspond à la surconsommation observée à l’usage. Le système sait s’adapter à tous les mélanges entre les 2 carburants.
Le faisceau compris dans le kit se positionne sans soudure entre les injecteurs et les connecteurs du véhicule. Il est suffisamment long pour s’adapter aux différents moteurs compatibles avec le kit. À l’autre bout, 2 broches à brancher dans le boîtier, et un fil de masse à fixer sur la borne négative de la batterie.
Adapter le faisceau
« Avant d’intervenir sur le moteur, j’ai pris avec la valise les valeurs d’origine de correction d’injection à court et long termes. Je vais maintenant débrancher le faisceau des injecteurs qui sont alimentés en parallèle. Je dois déterminer la polarité des connecteurs d’origine sur les injecteurs pour adapter le câblage qui remontera au boîtier FFED », détaille Éric Echave.
À noter que les boîtiers proposés par FFED disposent d’un système dit de « polarité inversée » qui permet de zapper cette opération. Des diodes indiquent le bon câblage. Quand ce n’est pas le cas, il suffit d’intervenir sur le boîtier sans avoir à tout démonter.
« Sur une voiture comme cette Renault Clio, la conversion prend entre 30 et 60 minutes en comprenant la répartition des fils de sorte qu’ils ne touchent pas de parties chaudes et/ou qui pourraient les endommager », chiffre-t-il.
« C’est parfois beaucoup plus long sur d’autres modèles. Comme sur certaines Volkswagen où un temps de dépose de pièces du moteur peut prendre jusqu’à 2 heures. Et autant pour les remonter. En revanche, pour le client, ça ne change rien : la facturation de l’opération est forfaitaire », compare-t-il.
Pose du boîtier
« Pour brancher les broches dans le boîtier, il faut démonter le couvercle. Leurs emplacements sont identifiés : “12 V” pour la broche d’alimentation, et “Pulse” pour la transmission des valeurs d’impulsion », schématise Éric Echave.
« Avant de relier la masse, j’effectue un test de démarrage, pour vérifier que le faisceau est bien câblé. On passe alors bien par l’appareil, qui n’est cependant pas actif. Une fois cet essai réalisé, il ne reste plus qu’à brancher la masse, refermer le boîtier et le poser, par exemple sur la batterie, comme pour cette Clio », poursuit-il.
« Au bout de 2 pleins au Superéthanol, je vérifierai avec une application les temps d’injection. Dans la plupart des cas, je n’aurai rien à modifier. Dans le cas contraire, j’effectuerai une reprogrammation », souligne-t-il.
800 € TTC tout compris
« Pour un moteur à injection indirecte comme sur cette Clio, la pose d’un boîtier E85 FFED coûte environ 800 euros. C’est plus cher avec une motorisation à injection directe. Là, il faut compter entre 1 000 et 1 200 euros », évalue Éric Echave.
La prestation comprend le matériel, la pose, le contrôle de la programmation, la garantie 5 ans, et les documents d’homologation.
Des automobilistes se passent cependant de boîtier pour rouler à l’E85 et affirment que leurs voitures fonctionnent très bien comme ça. « Une cliente a essayé et a connu des problèmes. Ce qui l’a incitée à faire poser un appareil. Sans boîtier, il y a un véritable risque d’usure prématurée de la mécanique et des difficultés à démarrer à froid », rétorque-t-il.
Que faire si le véhicule n’est pas homologué ?
« Après m’être assuré que c’est possible, il m’arrive d’installer un boîtier FFED compatible pour un véhicule qui n’est pas sur la liste d’homologation. Mon client est informé des risques concernant la garantie. Parfois, l’homologation arrive après. Je propose alors au client de faire effectuer le changement de carte grise », révèle Éric Echave.
« Il est aussi possible d’installer des boîtiers E85 sur des véhicules à bicarburation essence/GNV », souligne-t-il.
À noter que notre visite au Garage Echave intervient quelques jours après une sixième homologation obtenue par FlexFuel Energy Development. Elle concerne les véhicules essence de moins de 8 CV fiscaux équipés d’un moteur essence à injection indirecte et répondant aux normes Euro 3 ou 4. Ainsi les Peugeot 207, Renault Clio 3 et Megane 2 et 3, Toyota Yaris, Volkswagen Polo, BMW Série 1 mis en circulation entre 2001 et 2010.
Moteurs ecologiques et moi-même remercions le personnel du garage Echave pour son accueil et sa disponibilité. Un grand merci également à FFED de nous avoir mis en contact avec lui.
Quand et comment est née l’idée du présent article ? Il y a quelques années, une chaîne de télévision avait réalisé un reportage vidéo chez un installateur de boîtier E85 domicilié dans ma région. Je l’avais contacté, sans suite.
Il y a quelques jours, FlexFuel Energy Development m’adresse un communiqué de presse concernant l’homologation de son sixième boîtier. Plutôt que de produire une simple brève sur le sujet, j’ai demandé à l’entreprise, en service de presse, la possibilité de rendre compte du montage d’un tel appareil en me rendant chez un garagiste agréé ouvert en août près de chez moi.
Voilà comment j’ai été mis en relation avec le garage Echave qui devait justement convertir cette Renault Clio. À noter que l’établissement est également habilité pour intervenir sur les véhicules électriques. Lors de mon passage, une Zoé était en exposition-vente. L’enseigne Motrio dépend du groupe Renault.
Les vertus des agrocarburants font souvent l’objet de critiques. Tout comme la mobilité au biogaz, à l’électricité et à l’hydrogène. Pour autant, en plus de la marche et du vélo classique, penser aux déplacements de demain impose de rechercher et affiner différentes solutions. La mobilité durable ne pourra être que plurielle.
Brûler de l’E85 c’est un méthode très efficace d’augmenter des polluants tel comme ozone. Ne brûler rien de tout en roulant c’est la solution la plus propre.
Plubli reportage pour une marque de boitier
Il faudrait surtout dire que la quasi totalité des véhicules à injection indirecte avalent 75% d’E85 sans aucun boitier et hop 800€ d’économisé …
PS: cela fait 14 ans que je turbine à l’E85 en France sans compter une expérience à l’étranger avant 2007
Si on utilise uniquement les déchets végétaux des cultures destinées à nourrir les hommes et les animaux, pourquoi pas, mais il me semble avoir compris que ce ne sont pas les déchets mais bien des cultures spécifiques à cet usage. Si c’est le cas, c’est encore un non sens écologique. Les surfaces cultivables doivent etre exclusivement réservées à la nourriture des humains et des animaux.
Quelle usine à gaz! Avec un moteur électrique les « démarrages à froid » ne posent aucun problème. Quelle que soit l’origine de l’électricité.
Vous écrivez: « réaliser des économies en carburant »,
Mais c’est faut, ce sont des économies sur les prix des carburants. Ce qui n’est pas du tout pareil, d’ailleur on consomme 20% de plus.
Et on n’a pas suffisamment pour allimenter plus de 20 à 25% du parc, (certains carburant en contiennent déja 15%) lorsque 50% du parc serra électrique ca pourra valloire la pènne d’obliger les gens a convertir les vehicules restants. Ce jour là, la clio de 2016 serra déja passée au moins une fois sous forme de cub de métal.
Il est donc plus pertinant que tous les vehicules resoivent la même portion de sérum en attendant.
Du thermique ici?
« Sur une voiture comme cette Renault Clio, la conversion prend entre 30 et 60 minutes […],
C’est parfois beaucoup plus long sur d’autres modèles. Comme sur certaines Volkswagen où un temps de dépose de pièces du moteur peut prendre jusque 2 heures. Et autant pour les remonter. En revanche, pour le client, ça ne change rien : la facturation de l’opération est forfaitaire »
Si j’ai bien compris les conducteurs de Renaults payent pour ceux de VW… Cool !! :-(
J’ai fait monter un boîtier E85 (d’une autre marque) il y a un an sur ma Prius 4.
Il est aussi possible d’équiper les hybrides, ce qui représente un excellent compromis. Le boîtier permet d’avoir une solution légale, de ne pas se soucier de mélanges de carburant, on met 100% d’E85 en permanence.
Les hybrides Toyota sont déjà réputées pour bien accepter l’E85 donc cela ne m’inquiétait pas trop.
Je suis passé d’une conso moyenne de 4 litres au cent à 5 litres, 20% de plus effectivement. Avec le prix de l’E10 et de l’E85, cela fait 6 €/100 km à l’essence et 3.25 € à l’E85. Outre l’aspect psychologique de faire des pleins à 25 € parce que la Prius a un petit réservoir, c’est une véritable économie sur l’année, j’ai fait 35 000 km depuis.
La voiture avait 190 000 km (et 4 ans) au moment de l’installation… donc pas de souci particulier vis à vis d’une garantie constructeur dépassée de toutes façons.
Un peu plus de 3 € au cent, on se rapproche du coût d’une électrique, sans souci d’autonomie. Une hybride E85 est je trouve une bonne transition pour qui cherche une routière, le ticket d’entrée d’une électrique équivalente est encore trop élevé. Une hybride d’occasion un peu kilométrée se trouve facilement sous les 15 000 €.
Bon, et pour éviter les critiques faciles : la seconde voiture de la famille était une Ion achetée en 2012, remplacée il y a six mois par une Kona 39. Je sais un peu ce qu’est un VE, simplement j’ai pas 45 K€ à mettre dans une Tesla ou Ioniq 5 / EV6 pour faire mes trajets parfois réellement très longs.
Par ailleurs la Prius 4 est une excellente voiture, sans doute la meilleure thermique à bien des points de vue.