Selon un sondage, 54 % des propriétaires de véhicules électriques disent regretter leur achat à cause de la hausse des prix de l’électricité. Un résultat qui a intrigué Automobile-Propre.

C’est un chiffre qui a pu faire les gros titres de certains confrères, spécialisés dans l’automobile ou non. « En France, un propriétaire de véhicule électrique sur deux regrette son achat » a par exemple titré Le Figaro en fin de semaine dernière. Plus précisément 54 %.

Ce chiffre, nous l’avions nous aussi découvert en recevant dans notre boîte mail un communiqué de presse via Monta, une start-up danoise qui se présente en tant qu’experte dans la gestion de bornes de recharge. Pour faire parler d’elle, celle-ci a fait réaliser un sondage, une pratique courante, en espérant qu’il soit repris. Bingo avec ce résultat qui créé le buzz, d’autant qu’il est lié à une autre actualité qui a beaucoup fait parler : la hausse des prix de l’électricité.

Car pour être précis, selon ce communiqué de presse, 54 % des propriétaires de véhicules électriques disent regretter leur achat à cause de la hausse des prix de l’électricité. Le timing n’avait rien d’anodin, puisque les tarifs réglementés de l’électricité ont augmenté en moyenne de 10 % le 1er août. Soit la deuxième hausse de l’année, après une augmentation moyenne de 15 % le 1er février.

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68 % de nos lecteurs ne regrettent pas

Une flambée, avec la fin programmée du bouclier tarifaire, qui a pu, il est vrai, être une mauvaise surprise pour ceux qui sont passés à l’électrique et font leur plein à domicile. Un plein forcément plus cher. Il n’empêche que ce 54 % a fait réagir au sein de la rédaction d’Automobile-Propre. Clairement, on a trouvé ce résultat étonnamment élevé. Et très éloigné du ressenti que l’on a, en se basant sur les rencontres avec nos lecteurs ou nos proches, les courriers que l’on reçoit, les commentaires sur notre site ou nos réseaux sociaux…

Le résultat vient d’un sondage réalisé par Yougov. 6167 Français âgés de plus de 18 ans ont été interrogés selon la méthodologie CAWI (en clair, à distance par ordinateur), entre le 6 et le 15 mars 2023. La question sur ce regret, elle a concerné au final 618 personnes, un dixième des sondés. Et elle s’adressait aux conducteurs de véhicules électriques et d’hybrides rechargeables. Dans le détail, il y a eu 19 % de « oui, beaucoup », 35 % de « oui, en partie », 36 % de « non », et 10 % de « je ne sais pas ».

Première nuance donc, il y a dans le lot des conducteurs d’hybrides rechargeables, qui carburent donc à l’électricité et à l’essence. Et le sans-plomb a pas mal augmenté ces derniers mois. Est-ce que cela a pu influencer l’avis de certains et éclabousser l’électrique ? D’ailleurs, personne n’a imaginé un sondage « le prix du sans-plomb a augmenté, regrettez-vous l’achat d’une voiture essence » ?

On aurait pu tenter la chose, mais on a plutôt voulu reposer la même question, avec les mêmes choix, via notre page Youtube, pour comparer. Au bout de quelques jours, plus de 5.200 personnes ont répondu (on vous en remercie d’ailleurs). De notre côté, on a obtenu 10 % de personnes qui regrettent beaucoup, 6 % qui regrettent en partie. Soit 16 % au total, bien loin des 54 %. Et donc à l’inverse, le non l’emporte largement, avec 68 % (il reste 16 % de je ne sais pas).

Bien sûr, notre sondage est à prendre avec de grosses pincettes, car il n’a pas suivi un protocole pour avoir un échantillon représentatif des conducteurs de véhicules électrifiés, nous l’avons lancé sur un coup de tête ! Et puis on pourra nous dire que notre communauté est influencée car plus favorable à l’électrique, bien que notre page Youtube soit accessible à tous (et chez Yougov, le 54 % concernent des conducteurs d’un modèle électrifié). On dit souvent que le meilleur vendeur de voiture électrique est celui qui en a acheté une. Nous l’avons encore vu récemment avec le témoignage de notre lecteur Thierry.

Où est la vérité des sondages alors ? Peut-être entre les deux ! Mais on en revient à notre expérience, nos rencontres, pour douter du fait qu’un nombre si important de conducteurs qui sont passés à l’électrique le regrette avec la hausse des prix de l’électricité. Peut-être le regrettent-ils pour d’autres raisons, des défauts qu’une voiture thermique pourrait aussi avoir (le manque de confort, le petit coffre…), ou des soucis liés à l’usage d’une voiture électrique, par exemple la recharge en dehors du domicile.

L’électricité reste très avantageuse au moment du plein

Sous notre sondage, une personne donne par exemple cette raison pour expliquer son souhait de délaisser sa Model 3 pour un véhicule hybride. Mais c’est une rare exception parmi une foule de témoignages de personnes satisfaites. On note tout de même que 16 % des répondants à « notre » question disent oui, qu’ils regrettent, ce qui n’est pas rien… et même assez élevé encore.

Chacun a bien sûr son ressenti, sa gestion de budget, mais on le (re)dira clairement, la hausse des prix de l’électricité ne peut pas être source de regret. Certes, le prix du kWh réglementé s’est envolé. Depuis le 1er août 2023, il est à 0,2276 €. En août 2021, il était à 0,1558 €. Soit près de 50 % de hausse. Dans le même temps, le sans-plomb 95 E10 est passé de 1,56 à 1,87 €. Soit 20 % de hausse.

Même avec les derniers tarifs en vigueur, faire 100 km en électrique reste nettement plus avantageux que faire 100 km en essence. Une voiture qui consommera 6 litres de sans plomb coûtera en ce moment 11,22 € de carburant. Une voiture électrique qui consomme 16 kWh pour 100 km coûte 3,64 € d’électricité « sur le papier », car il y a un coût de perte de recharge à prendre en compte. Même avec la perte de recharge, qui peut engendrer un surcoût d’environ 15 %, on reste bien loin du budget de l’essence. Et l’écart par rapport à 2021 est semblable.

Et le coût de la recharge peut être bien plus bas en favorisant des contrats d’électricité plus intéressants. On pense aux heures creuses, mais il y a surtout le contrat Tempo qui permet de faire de belles économies. Mieux encore, on peut avoir des kilomètres gratuits grâce à des bornes devant des commerces, par exemple chez Carrefour.

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