Lancé à grands frais en 2019, le projet automobile d’Evergrande était l’un des plus ambitieux et l’un des mieux financés. Il pourrait bien devenir sous peu l’un des plus gros gâchis de ces 10 dernières années.
Après un accord peu fructueux et conclu par un litige avec Faraday Future, Evergrande lance en 2019 sa propre marque de voitures électriques. Habitué aux projets pharaoniques dans son secteur, l’immobilier, le groupe chinois a vu les choses en grand pour faire son entrée sur le marché de l’automobile. Dès les premiers mois, on annonce des investissements colossaux (23 milliards de dollars y sont consacrés) et des ambitions qui ne le sont pas moins : 3 usines, 9 projets de véhicules lancés simultanément et la volonté affichée d’écouler un million de voitures par an dès 2025…
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Sauf que ces 23 milliards, Evergrande ne les a pas vraiment. À la fin de l’année 2021, rattrapé par la pandémie, le géant de l’immobilier menace de s’effondrer. Et avec une dette de 300 milliards de dollars, sa chute est vue comme une sérieuse menace pour l’ensemble de l’économie chinoise. Le projet automobile, avec sa marque Hengchi, parvient à survivre dans cette tourmente, mais en étant sérieusement revu à la baisse.
En septembre 2022, le SUV électrique Hengchi 5 entre en production et il est commercialisé quelques semaines plus tard. Mais dès le mois de décembre, on annonce l’arrêt de la production, faute de clients. Il n’aurait vendu que 900 exemplaires entre le 16 septembre 2022 et le mois de mars 2023… On a rarement vu démarrage aussi poussif avec moins de 150 clients par mois.
3,9 milliards pour sauver la marque
Hengchi ne cesse de réduire ses effectifs pour limiter ses dépenses. Aujourd’hui, le constructeur n’emploierait plus que 2795 personnes. La filiale suédoise NEVS, bâtie sur les ruines de SAAB (division automobile), a, elle aussi, été mise en veilleuse dernièrement. La maison mère n’a plus les moyens de financer son rêve automobile, et cherche des financements extérieurs. Evergrande évoque 29 milliards de yuans (3,9 milliards d’euros) pour lancer des modèles plus haut de gamme jugés plus porteurs.
Après le scandale financier de la division immobilier, on peine à imaginer des investisseurs prêts à se risquer dans l’aventure. D’autant que la réputation de l’entreprise pénalise d’elle-même les ventes du véhicule sur un marché très attaché à l’image, peu importe ses qualités.
Si ce financement n’est pas trouvé, la faillite est inévitable. Une faillite qui pourrait néanmoins faire les affaires d’autres constructeurs. Plusieurs start-up du secteur sont encore en quête d’une licence de production, qui est au final le bien le plus précieux de Evergrande New Energy Auto.
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Sic transit gloria mundi
Je reste étonné de voir se multiplier à foison des marques inconnues se lancer dans la production automobile qui réclame des moyens colossaux.
Mais ce qui m’étonne encore plus c’est de constater qu’au final on nous propose des voitures qui se ressemblent toutes.
Dans ces conditions sans réelles nouveautés où en plus la notoriété et les références restent absentes, que resterait-il à ces entreprises pour atteindre le succès ??? Le prix s’il pouvait être très bas. Mais là il semble qu’on atteigne les limites du rêve.
Je comprends que les investisseurs ne se bousculent pas.