L’intégration des voitures électriques dans les parcs automobiles des entreprises est inexorable, et tout concorde pour qu’elle s’amplifie rapidement.
France, terre de paradoxe. Alors qu’il est démontré depuis longtemps que les particules fines émises par les moteurs diesel comptent parmi les plus nocives, notre pays a très longtemps pratiqué une fiscalité très favorable au diesel pour les entreprises, les incitant à acheter des voitures motorisées au mazout grâce à une TVS (Taxe Véhicules Société) – ou TVTS (Taxe sur les Véhicules de Tourisme de Société) – moins élevée. Parmi les autres paradoxes très caractéristiques de notre belle technocratie, les voitures à boîte automatique étaient plus lourdement taxés que celles à boite mécanique, alors que l’on sait que les premières consomment désormais moins que les secondes, et incitent à une conduite plus apaisée et moins énergivore. Une anomalie qui était directement liée à la puissance fiscale de la voiture, la boîte auto étant généralement synonyme de puissance fiscale plus importante.
Avec l’avènement de la voiture électrique et le redéfinition des normes de pollution directement liées au taux d’émissions de CO2, la raison semble avoir peu à peu gagné l’esprit des fonctionnaires de Bruxelles, et la taxation est devenue plus lisible puisque directement liée à la pollution produite par les véhicules, qu’il s’agisse de gaz à effet de serre ou de particules fines.
Un effet d’aubaine pour les entreprises
Des évolutions qui n’ont pas échappé à la sagacité des directions financières des entreprises, qui ont vite saisi l’opportunité, voire l’aubaine que constituait la possibilité de fournir à leurs collaborateurs de luxueuses et puissantes voitures de fonction sans bourse délier en TVTS. C’est ainsi que les parcs et flottes d’entreprises se sont progressivement peuplées de rutilantes berlines et SUV pleins de cylindres et de chevaux mais pas taxés. Écologique ? Mouais, pas si sûr, quand on sait qu’une bonne partie des bénéficiaires de ces engins ne s’embêtent jamais à recharger pour rouler électrique, et que nombre d’hybrides ne connaissent que les stations-service à essence. Sauf bien sûr quand il s’agit de squatter une borne de recharge pendant un week-end pour une charge de 2 heures et 50 kilomètres, au détriment des 100% électriques…
De fait, l’évolution des normes environnementales, les incitations fiscales favorables et les exigences légales liées à la mobilité et aux émissions polluantes poussent les entreprises à intégrer rapidement des véhicules électriques dans leurs flottes. Cette tendance est renforcée par le déclin des ventes de voitures diesel, les nouvelles normes de pollution et les réglementations locales qui imposent des fameuses et controversées zones à faibles émissions (ZFE). Autant de raisons qui incitent les entreprises à adopter les voitures électriques et hybrides, avec des avantages mais aussi quelques contraintes.
Il s’agit là d’un vrai enjeu, entre innovation et contraintes réglementaires, mais il y a évidemment aussi des défis de sécurité et de coûts associés à la transition vers l’électrification des flottes automobiles.
Il y a aussi des défis à surmonter. Tout d’abord, des problèmes d’infrastructure. Il peut être difficile pour les entreprises de trouver des bornes de recharge pour leurs véhicules électriques, ce qui peut en outre entraîner des temps d’arrêt importants. Il y a également des coûts importants pour remplacer les véhicules à essence ou diesel par des véhicules électriques. Les entreprises doivent également tenir compte de la durée de vie des batteries des véhicules électriques dans les cas – probablement minoritaires – où les utilisateurs sont de très gros rouleurs.
Le déclin du diesel et les nouvelles normes de pollution
Au fil des années, le diesel a été largement critiqué, ce qui a conduit à son déclin progressif sur le marché automobile. Les futures normes de pollution Euro 7, prévues pour 2025, et pas très populaires par endroits, accélèrent cette transition en obligeant les constructeurs à abandonner les moteurs diesel ou à investir considérablement pour les adapter. Parallèlement, les normes CAFE – bien moins appétissantes qu’un expresso – de l’Union européenne exigent des constructeurs des émissions moyennes de CO2 ne dépassant pas 95 g/km. Cette pression réglementaire a incité de nombreuses marques à se concentrer sur la vente de véhicules électriques et hybrides à faibles émissions pour éviter de lourdes amendes. Et à cibler assez naturellement le marché des entreprises, qui représente pour certaines une manne importante.
Contraintes locales et obligations légales
En France, les entreprises doivent également faire face à de nouvelles contraintes environnementales, telles que les zones à faibles émissions. Plusieurs grandes villes, dont Paris, Lyon, Grenoble et d’autres métropoles, bannissent progressivement les véhicules les plus polluants de leurs centres-villes. De plus, la loi LOM sur la mobilité, renforcée par la nouvelle loi Climat et Résilience, oblige les entreprises disposant de parcs de plus de 100 voitures à intégrer progressivement des véhicules à faibles émissions. À partir de janvier 2022, au moins 10% de la flotte devra être composée de ces véhicules, un pourcentage qui augmentera à 20% en 2024, 40% en 2027 et 70% en 2030.
Avantages et soutiens financiers
Face à ces nouvelles obligations environnementales, les gestionnaires de flottes automobiles peuvent bénéficier d’incitations financières pour faciliter la transition vers des véhicules plus propres. Jusqu’au 30 juin prochain, les mêmes niveaux de bonus écologiques mis en place en 2020 sont accordés pour les achats de voitures électriques et hybrides rechargeables. Les entreprises peuvent ainsi bénéficier de 5 000 € de bonus pour l’acquisition de voitures électriques dont le coût est inférieur à 45 000 €, et de 2 000 € pour les véhicules hybrides rechargeables.
Il existe également une externalité positive (comme disent les sociologues et les politiciens) à la conversion des flottes d’entreprises vers le tout électrique, le fait que la voiture électrique induit souvent naturellement une conduite plus apaisée, ne serait-ce que pour optimiser l’autonomie, comme nous avions pu le voir dans cet épisode de notre podcast. Et qui dit conduite apaisée dit théoriquement des économies en énergie et en assurance, ce qui est toujours bon pour le mental des entreprises, et surtout pour leurs finances.
Des solutions logicielles pour accompagner l’électrification des flottes
L’électrification des flottes d’entreprises est aussi un véritable enjeu, car il suppose une mutation de masse vers des déplacements moins polluants. Les véhicules de société représentent en France 7,3 % du parc total de véhicules en circulation, soit 2,87 millions de voitures. C’est d’ailleurs inscrit dans la LOM, loi d’orientation des mobilités, qui dit que les entreprises gérant un parc de plus de 100 véhicules dont le poids total autorisé en charge est inférieur ou égal à 3,5 tonnes ont l’obligation d’intégrer une part minimale croissante de véhicules à faibles émissions (VFE) dans les renouvellements annuels effectués. Depuis le 1er janvier 2022, au moins 10% des véhicules renouvelés annuellement doivent être des VFE. Cette part minimale passe à 20% à partir de 2024, de 40% à partir de 2027 et 70% à partir de 2030. Cela va donc aller très vite, ce qui n’est pas sans poser quelques contraintes aux entreprises, notamment pour les collaborateurs parcourant le plus de kilomètres. C’est là qu’interviennent des entreprises comme Geotab et Load Stations ou encore Monta, qui chacune à sa façon, accompagnent les directions d’entreprises dans le verdissement de leur flotte à marche forcée. Dans les solutions logicielles des différents acteurs de ce secteur en forte croissance, des algorithmes pour favoriser l’écoconduite des collaborateurs et la rationalisation des parcs de voitures de service, avec des économies à la clé, en achat et en entretien. Retrouvez nos interviews des responsables de Geotab, Monta et Load Stations dans nos récents podcasts.
La transition vers les voitures électriques et hybrides devient donc un incontournable pour les entreprises. Les contraintes légales, les normes environnementales de plus en plus strictes et les incitations financières encouragent les gestionnaires de flottes à revoir leur parc automobile. L’intégration de véhicules à faibles émissions permet aux entreprises de réduire leur empreinte carbone, de se conformer aux réglementations en vigueur et de bénéficier d’avantages financiers. L’adoption des voitures électriques est donc un passage obligé pour les entreprises qui souhaitent concilier mobilité, responsabilité environnementale et économie.
Reste à savoir si le tout électrique est déjà pertinent, quand on sait que certains professionnels parcourent plusieurs centaines de kilomètres quotidiennement avec un timing très serré et parfois dans des régions isolées, ce qui peut encore poser un problème si ces déplacements nécessitent plusieurs recharges dans la journée.
C’est article est très détaillé mais ne concerne qu’une petite partie des véhicules dits d’entreprise. Je pense, mais je peux me tromper, que le gros de la flotte est constitué par les véhicules utilitaires de dizaines de milliers (peut-être centaines de milliers !!?) d’intervenant réalisant des activités de service ou des chantiers de travaux, chez des particuliers, dans des usines, des commerces, très majoritairement au gazol, qui font en moyenne 20 à 30 000 km par an, essentiellement lors de trajets urbaine ou péri-urbain, soit quotidiennement entre 80 et 200 kms, regroupant pour tous les salariés qui rentre chez eux avec leur véhicule d’intervention, des trajets domicile/travail, domicile/clients et clients/clients. Si la première recherche est d’optimiser les déplacements et tournées pour faire le moins de kilomètres possible, la seconde action devrait-être d’électrifier ces déplacements là pour lesquels en plus, le problème d’autonomie tel qu’il est présenté (comme principal intérêt et défaut des véhicules électriques) n’en est pas un avec cette fourchette de 80 à 200 kms.
Ce qui outre une ENORME décarbonation des déplacements de tous les jours autour de nous dont beaucoup en ville, génèrerait une énorme économie d’argent et de perte de temps pour les entreprises et les utilisateurs n’ayant plus à se soucier d’aller faire des pleins…
Le problème de rembourser l’électricité pour les charges à domicile n’en est pas un, il existe des applications ou des méthodes internes pour rembourser les collaborateurs à partir des bornes que l’on installe chez les collaborateurs. S’ils sont contraints de rentrer chez eux avec un véhicule personnel, le problème est encore plus simple, il suffit d’avoir des bornes à l’entreprise.
Je pratique ceci depuis 2012 et ai amplifié la méthode en remplaçant une partie de ma flotte thermique (au GNV, pas au Gazole depuis plusieurs années, avec une pompe à l’entreprise) par 4 OPEL VIVARO il y a un an.
Ne le cachons pas, le réflexe de TOUS les chauffeurs fut de me reprocher ce choix car l’électrique c’est chiant, on n’a pas d’autonomie, etc, etc… Les rengaines habituelles des bons Français (peut-être) qui critiquent tout ce qu’on change dans leurs habitudes.
Pour certains, le revirement d’avis aura pris une seule semaine, pour les plus imperméables au changement, c’est venu au bout de plusieurs mois. Pour ceux qui roulent en moto ou en américaine, ça reste une idée qu’ils n’aiment pas… Mais tant pis, leurs enfants ou leurs petits enfants évolueront après eux… 350 km d’autonomie ce ne serait pas assez malgré la preuve qu’ils n’en faisaient que 80 à 200(parfois) quotidiennement, dont 30 à 50% pour leur trajet domicile travail ou domicile clients (directement, pour réduire les kms en ne passant pas au siège). Ils ont tous pu constater qu’ils rentraient chaque soir avec encore beaucoup d’autonomie restante, et de plus en plus à force de se prendre au jeu et modifier naturellement leurs conduites, et chaque matin (même le lundi dont la première heure de travail est classiquement d’aller refaire le plein puisque c’est sans doute compliqué de le faire le vendredi soir lorsqu’on a terminé sa semaine, même sur le trajet en rentrant chez soi,voir dans le week-end en toute petite contre-partie de bénéficier d’un vehicule gratuit pour son trajet domicile travail (utilitaire = pas d’avantage en nature. Pourtant selon l’éloignement de l’habitat de mes techniciens, ça représente entre 250 et 1000 € par mois de sur salaire invisible et dont il a fallu que je fasse la démonstration à chacun afin qu’ils en aient conscience. J’ajoute à ça que le courant leur est remboursé en tarif plein alors que s’ils sont un peu malins et attentifs ou attentionnés, leurs bornes à domicile leur permettent de faire l’appoint intégralement en tarif creux…Ce qui représente aussi un intérêt pour l’utilisation des réseaux…..
Voilà, rien de sorcier en sorte, juste un peu d’intelligence et de logique.
Ah oui, mais une entreprise ne peut pas payer de véhicules électriques tellement couteux à ses collaborateurs !!!? Le calcul des aides à l’achat minore un peu cette dépense, sur les utilitaires, il n’y a pas de gain TVS, par contre pour 30 000 km par véhicule à 8 litres /100 à 1.90 ou 22 kw à 20 ct TTC (je ne fais même pas l’effort de chercher à récupérer la TVA…), l’économie annuelle est de plus de 3000€ soit sur 4 ans d’amortissement 12 000 €. A cela s’ajoute une baisse drastique des frais d’entretien dont on peut estimer sur les mêmes 4 ans avec des boites mécaniques et des moteurs thermiques maltraités qu’elle représente environ 6 à 8 000 €, on arrive à environ 20 000 € de récupération sur l’investissement initial, sans compter les gains de productivité liés au non passage à la station, au garage, aux immobilisation durant travaux….Et enfin, à 120 000 km, une voiture électrique amortie peut encore durer et ne plus rien couter au bilan ou représenter une valeur de revente qui permet de renouveler le parc à moindre frais alors qu’un utilitaire thermique ne vaut plus rien et que son remplacement est à refinancer à 100% en repartant sur la même gabegie en s’offrant le luxe de polluer les zones urbaines, la planète, et d’entretenir le déficit de notre balance commerciale par la consommation de carburant fossile…
Merci pour ceux qui ont eu la patience d’arriver jusqu’au bout !!
Philippe
Tant que les collaborateurs auront des cartes essence (qui leur permettent accessoirement de faire le plein du conjoint) mais que les recharges électriques au domicile ne seront pas remboursées, ils ne voudront pas de véhicules électriques. Il faudrait leur rembourser forfaitairement le coût de recharge électrique sur la base de la conso WLTP et du tarif réglementé EDF et du kilométrage parcouru.
Quand aux problèmes d’autonomie, tous les collaborateurs ne sont pas des vrp qui font 600 Km par jour.
Les mesures favorisant le diesel étaient motivées par la volonté de défendre les constructeurs européens face au péril Japonais. Seuls les constructeurs européens fabriquant des moteurs diesels. Les conséquences sur la santé étaient connues, mais la préservation de l’industrie automobile européenne était jugée plus importante.
Dans le grand groupe pour lequel je travail la transition forcée s’est traduit par une décision peu pertinente (probablement à la marge certes) pour faire plaisir aux achats pour électrifier notre flotte nous avons accepté une Leaf, ce véhicule est très bien mais à l’usage il permet surtout de faire des trajets locaux réalisés auparavant en train, c’est plus pratique mais je ne suis pas certain que c’était l’objectif visé.
A cause de cette obligation de % nous devons de plus en plus freiner les ardeurs des acheteurs (qui ne sont pas les utilisateurs comme souvent dans les entreprises) pour que nos véhicules thermiques ne soient pas substitués par des véhicules électriques dont la faible autonomie serait une vraie galère au quotidien. Heureusement le groupe est grand donc notre usage spécifique peut encore être noyé dans le volume globale.
Nous avons toutes les catégories <3.5t afin d’adapter notre volume de chargement en fonction de nos interventions (208, trafic, 4×4 utilitaire etc.) et puisque nous partons en déplacement à la semaine sur toute la France (y compris en zone rurale) les véhicules électriques actuels ne répondent pas au besoin: en début et fin de semaine, ce sont des gros kilométrages (les pauses se font en intervertissant conducteur et passager), en journée nous utilisons plus ou moins le véhicule mais il n’y a pas forcément de quoi le charger à proximité et le soir il n’est pas rare que simplement stationner le véhicule soit compliqué (trafic et master sont les plus difficiles de par l’encombrement) alors nous n’avons aucune envie après la journée de travail de partir à la chasse à la borne de recharge.
Je rappel que comme bon nombre d’employé de ma caste je ne dors pas au Novotel mais plutôt en airbnb ou petit hôtel de province en 1/2 pension…
Personnellement la réindustrialisation de la France je la ferais bien dans le métavers depuis chez moi.
Lorsque ceux à qui on demande de trouver des solutions sont fatigués des contraintes créées dans l’espoir de stimuler leur créativité par ceux qui n’ont aucune solution à proposer cela peut se transformer en renoncement.
C’est un levier essentiel pour accepter l’électrification du parc auto.
cela permet d’accélérer l’augmentation du parc de l’occasion et certain réfractaires, changeront peu être d’avis en roulant avec leurs véhicules pro.
En attendant, je vois des entreprises comme celle de mon frère qui proposent des voitures de fonction genre EMegane ER130cv à 46k€, Enyaq 58kWh avec carte Shell face à du diesel et phev pour parfois traverser la France. Pas de possibilité de remboursement des recharges à domicile ni la pose de borne. Plus l’urssaf qui n’a rien clarifié à ce sujet. Alors les gens prennent des 308 phev ou diesel.
Pour l’anecdote: son patron refuse des modèles 3 rwd dans la liste de voitures car ça fait voiture de luxe auprès de la clientèle…
Autres avantages:
« Les entreprises doivent également tenir compte de la durée de vie limitée des batteries des véhicules électriques. »
Vous pouvez développer? Car les batteries actuelles ont un nombre de cycle importants qui doivent normalement couvrir la longévité de la voiture.