Une source proche de Tesla a révélé deux pratiques frauduleuses au sein de la firme américaine. Elle aurait menti sur l’autonomie de ses voitures il y a dix ans, et éviterait volontairement ses clients.

C’est une pratique douteuse qui pourrait se transformer en scandale géant pour Tesla. En effet, le constructeur américain aurait volontairement menti au sujet de l’autonomie de ses voitures.

Cette affaire remonterait à une dizaine d’années, et une source proche de la marque a affirmé à Reuters que le logiciel d’estimation de l’autonomie des voitures électriques de Tesla aurait été truqué.

Le constructeur aurait ainsi travaillé sur des algorithmes permettant de rendre plus optimistes les prévisions. C’est une personne ayant travaillé sur ce logiciel qui rapporte les faits à Tesla. Le fait que cela arrive plus de dix ans après vient certainement d’une prescription sur le dossier.

L’algorithme enjolivait donc l’autonomie disponible, jusqu’à la moitié de la batterie. De là, les projections devenaient plus prudentes, et se rapprochaient de la réalité progressivement.

Tesla aurait également mis en place un ‘buffer’, c’est-à-dire une distance tampon de 24 kilomètres, après l’arrivée à 0 km sur l’affichage. Cela permettait surement d’éviter les pannes pour les usagers, puisque la deuxième moitié de la batterie se vidait logiquement plus vite que l’autonomie annoncée.

La source qui a révélé cela à Reuters confirme aussi l’origine de cette décision. Sans surprise, c’est Elon Musk qui aurait demandé de développer les voitures de cette façon.

« Elon voulait montrer de bons chiffres d’autonomie », a déclaré cette source, citée par l’agence. « Lorsque vous achetez une voiture montrant une autonomie de 350 ou 400 miles, vous vous sentez bien. »

Des algorithmes encore utilisés de nos jours ?

Reuters n’a pas eu d’informations quant à l’utilisation actuelle de ces algorithmes. L’agence note toutefois que cette décision remonte à l’époque où Tesla n’offrait que deux modèles.

Désormais, la gamme se compose de quatre voitures différentes, qui ont toutefois posé problème. En Corée du Sud, la marque a ainsi reçu une condamnation pour publicité mensongère à ce sujet.

Cette sanction équivalente à deux millions d’euros ne concernait toutefois pas l’autonomie brute du véhicule. L’organisme de protection des clients reprochait à Tesla de ne pas avoir parlé des variations d’autonomie lors des changements de température.

Dès lors, difficile de dire si Tesla utilise ou non cet algorithme. Mais par ces doutes, Tesla paie évidemment sa communication toujours floue en matière de données.

En effet, le constructeur n’a jamais communiqué de puissance ou de capacité de batterie officiellement. De plus, son Autopilot a lui aussi fait l’objet de condamnations pour publicité mensongère. Dès lors, difficile d’avoir une confiance absolue, d’autant que le manque de transparence est régulier.

De plus, le cabinet d’analyse Recurrent a noté que les autonomies qu’annoncent les voitures électriques de Tesla sont toujours les mêmes. L’autonomie initiale après charge pleine ne varie jamais, été comme hiver.

Recurrent a également constaté que l’autonomie qu’affichent les Tesla est toujours optimiste. La distance finale parcourue est toujours inférieure aux prédictions. Ce n’est pas le cas sur d’autres voitures, comme la Hyundai Kona ou la Chevrolet Bolt. « C’est là que Tesla a pris une voie différente de la plupart des autres constructeurs », a déclaré Scott Case, directeur général de Recurrent.

Une équipe spéciale pour éviter les plaintes

Tout porte à croire que Tesla continue à jouer avec les données constructeurs pour optimiser son image. Toujours selon la source interne, la firme aurait créé une équipe pour détourner les plaintes des clients.

Et cette affaire ne remonterait pas à dix ans, mais serait toujours d’actualité. Tesla aurait ainsi créé une « équipe de diversion » à Las Vegas, pour éviter que les clients ne viennent en atelier.

Tesla aurait créé cette équipe dans le but d’annuler les rendez-vous des clients se plaignant de problèmes d’autonomie. Le constructeur recevait apparemment une quantité énormes de questionnements à ce sujet.

Dès lors, il a pris la décision de créer cette équipe pour annuler les rendez-vous. Les employés célébraient apparemment chaque annulation de rendez-vous et clôturaient des centaines de cas par semaine.

Comment ? C’est un de ces clients qui l’a révélé. Alexandre Ponsin avait noté que l’autonomie espérée était loin d’être atteinte, après un road trip dans sa Model 3. Toujours selon Reuters, qui cite ce client, il ne parcourait parfois que la moitié des 353 miles qu’annonçait Tesla.

Il avait donc pris rendez-vous en Californie pour faire vérifier et réparer sa voiture électrique. Mais il a simplement reçu deux SMS de Tesla. Le premier lui disait que le diagnostic à distance n’avait trouvé aucun problème. Le second lui expliquait que sa visite en atelier était annulée.

Et les employés avaient donc pour consigne de le faire. Selon un responsable de la firme, chaque rendez-vous annulé faisait économiser 1000 dollars à Tesla. Cela pourrait donc cacher plus de dix ans de mauvaises pratiques de la marque.

Un scandale qui, s’il est avéré, pourrait coûter cher à la marque. Elle devrait alors se conformer aux attentes en matière d’affichage, et certainement dédommager de nombreux clients.