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La voiture électrique nous fait découvrir la notion de temps masqué. De quoi mieux gérer ce dernier, et voyager encore plus serein.

Dans notre quête pour une mobilité plus durable, la voiture électrique s’impose progressivement comme une alternative crédible. Cependant, l’un des défis majeurs reste la question de la recharge et du temps nécessaire pour alimenter les batteries. Mais que se passerait-il si nous pouvions transformer ce temps d’attente en une opportunité ? C’est là qu’intervient la notion de « temps masqué », autrement dit l’idée de tirer parti des moments de recharge pour accomplir d’autres activités.

Une notion nouvelle ? Pas vraiment. Toutes celles et ceux qui par exemple privilégient le train à l’avion dans le cadre d’un déplacement durant leur temps de travail savent qu’ils gagnent souvent en productivité car ils peuvent mettre à profit le confort du train pour travailler dans des conditions identiques à celles du bureau, et donc ne pas gaspiller le temps de transport. Idem pour celles et ceux qui s’adonnent à leurs lectures préférées lors d’un trajet en métro ou en bus. En fait, la voiture électrique et sa recharge nous font découvrir ou redécouvrir les différentes opportunités qu’offre le temps masqué, ainsi que les avantages et les défis qu’il soulève.

Les contraintes du temps de recharge transformées en bénéfices

Le temps de recharge des voitures électriques a longtemps été perçu comme une contrainte majeure, suscitant des inquiétudes quant à son impact sur notre liberté de mouvement. L’idée de devoir attendre pendant des heures pour recharger nos véhicules a été un frein pour beaucoup de gens, qui préfèrent encore, tant qu’ils le peuvent, s’en remettre à la rapidité et la commodité des stations-service traditionnelles. Sauf que le temps pour recharger ses batteries n’est pas le même que le temps pour faire le plein. Sans aller jusqu’à convoquer les notions assez subjectives et parfois abstraites de relativité et d’élasticité du temps, il est intéressant de se livrer à un petit comparatif, par exemple dans le contexte d’une recharge versus un plein en station-service sur l’autoroute.

Quand on s’arrête pour faire un plein d’essence, on doit :

  • introduire le pistolet dans le bouchon de réservoir
  • lancer le remplissage du réservoir
  • patienter pendant 2 ou 3 minutes avec les mains prises sans pouvoir faire autre chose (normalement cigarettes et téléphone interdits pendant l’opération)
  • payer, soit avant, soit après directement sur la pompe
  • dans certains cas, prépayer ou payer à la caisse, et donc souvent faire plusieurs minutes de queue

Dans ce cas de figure, l’arrêt tout compris va prendre dans le meilleur des cas entre 5 et 10 minutes. Et bien plus un jour de forte fréquentation (queue à la pompe = queue à la caisse). Et dans ce cas de figure, il n’y a aucun temps masqué qui soit assez long pour entreprendre une autre activité à part peut-être scroller sa timeline Twitter ou TikTok. Zéro seconde.

Quand on s’arrête pour recharger, on doit :

  • brancher le câble de recharge à sa voiture
  • lancer la charge

C’est tout. C’est d’autant plus « tout » que de plus en plus de réseaux proposent ou vont proposer le Plug & Charge, qui consiste donc à reconnaitre votre voiture et à lancer la charge automatiquement dès son branchement sans aucune autre manipulation, comme lorsque vous chargez votre smartphone. Tesla, Electra et Fastned le proposent déjà, les autres vont suivre très vite.

Alors bien sûr, la recharge va prendre beaucoup plus de temps qu’un plein d’essence, et il y a aussi ces cas où elle ne démarre pas du premier coup et où il faut s’y prendre à plusieurs fois. Mais le temps de charge lui-même ce n’est pas du temps perdu car avec un tout petit peu d’organisation, ce temps va être mis à profit pour se livrer à une autre activité, comme déjeuner, prendre un café ou simplement se dégourdir les jambes. Dans un contexte professionnel, cela permettra de consulter ses emails ou passer quelques coups de fil. Du temps totalement productif, donc.

Et nous ne parlons ici que des cas où l’on recharge sur autoroute. A fortiori quand on sait que, selon une étude de Vinci Autoroutes, le temps d’arrêt moyen sur une aire de service, que l’on fasse le plein, que l’on recharge ou pas, et quelque soit le mode de propulsion, thermique ou électrique, est de 30 minutes. En trente minutes avec une voiture électrique vous récupérez entre 200 et 400 km d’autonomie selon le modèle. Pendant que vous faites autre chose. Et 30 minutes sont très vite écoulées, au point que c’est souvent l’application de votre voiture qui vous appellera pour vous dire que vous pouvez repartir. Et que vous direz « Déjà ? ».

C’est ça, le temps masqué. Et cela ne fonctionne pas que lors des grandes migrations. Avec un peu d’habitude, vous allez apprendre à le mettre à profit dans de nombreuses situations.

L’essor des infrastructures de recharge polyvalentes

Pour faciliter la transition vers le temps masqué, des infrastructures de recharge polyvalentes ont commencé à émerger. Des stations de recharge équipées de services supplémentaires tels que des commerces, des restaurants, des espaces de détente et des aires de jeux pour enfants permettent aux conducteurs de tirer le meilleur parti de leur temps d’arrêt. Ces lieux deviennent des centres d’activités, offrant une expérience globale plus agréable et engageante pour les conducteurs et leurs passagers.

Mais le meilleur temps masqué, pour vous et la santé de votre voiture, reste le temps long, celui qui vous permet de réellement vous livrer à d’autres activités pendant que votre monture fait le plein d’électrons au calme, en bas débit, sans risque d’altérer la longévité de sa batterie.

Le meilleur exemple étant évidemment la recharge à domicile pour celles et ceux qui ont la chance de résider en habitat individuel avec une borne de recharge au garage. Il y a aussi la recharge sur le lieu de travail, sachant que dans ce cas l’avantage est double puisqu’il consiste également à profiter d’une place de parking.

Et puis il y a les autres cas de figure de temps masqué, que l’on apprend à exploiter avec un peu d’habitude.

La recharge à destination, bonne pour le mental et les batteries

Le plus connu d’entre eux est pour le moment la recharge à destination, principalement à l’hôtel ou sur un autre lieu de séjour comme le camping ou la résidence de vacance, où l’on se paie le luxe de recharger à plein pendant qu’on dort où qu’on profite de la piscine. Il y a aussi la recharge – parfois gratuite, encore un double bonus – au supermarché pendant qu’on fait ses courses.

Le cas du restaurant est un peu à part. S’il est acquis que la recharge à l’hôtel est rapidement devenu un must et une routine pour de nombreux électromobilistes, les purs restaurants (ceux qui ne font pas hôtel) sont encore un peu à la traîne. Et pourtant, proposer une offre de recharge pendant le repas serait certainement particulièrement apprécié par les possesseurs de voitures électrique. Même avec une borne bas débit à 3,7 ou 7,4 kW, vous récupérez une vingtaine de kilomètres par heure, ce qui n’est pas négligeable pour un petit complément parfois salvateur. Et si vous avez trop mangé et bu, vous êtes bon pour une sieste qui vous permettra de récupérer au bas mot une vingtaine de kilomètres supplémentaires…

Autre cas de figure, celui des courses au marché du coin. Avec un peu de chance, la place de la mairie est équipée d’une ou deux bornes ou points de charge désormais souvent fonctionnels. S’il y a de la place, profitez de votre flânerie devant les étals locaux pour remettre quelques kWh à votre batterie, c’est toujours ça de pris. Et votre voiture ne vous en voudra jamais d’avoir un peu traîné à l’apéro, à condition de ne pas squatter la borne, évidemment.

En fait, apprivoiser le temps masqué va vous faire changer d’état d’esprit par rapport à la contrainte de la recharge et la perception du voyage. Un nouvel état d’esprit qui consiste à ne plus se demander « Où et quand vais-je devoir recharger et comment adapter mon activité ? », mais « Qu’est-ce que j’ai prévu aujourd’hui et comment en profiter pour recharger de façon totalement transparente ? »

La notion de temps masqué transforme notre expérience de voyage

Le concept de temps masqué transforme une contrainte en opportunité, nous permettant de combiner des activités variées tout en rechargeant nos véhicules. Les infrastructures polyvalentes, associées à une planification judicieuse, rendent cette vision de la mobilité durable réaliste et attrayante.

Il suffit d’un peu d’entrainement, et cela se fait naturellement sans fondamentalement bouleverser nos habitudes. Il suffit de penser à tous ces moments où nous n’utilisons pas notre voiture, et d’avoir le réflexe de trouver où la brancher pendant ces heures « perdues » afin qu’elles ne le soient pas.

Regardez autour de vous : il y a toujours une borne, une prise, une station pas loin. De plus en plus.