C’est une information récente qui met la puce à l’oreille. Le constructeur automobile américain Rivian, spécialisé jusqu’alors dans les imposants pickups et SUV 100% électriques, vient de finaliser et confirmer le rachat du planificateur d’itinéraire pour véhicule électrique ABRP (A Better Route Planner), développé à l’origine par Iternio, une petite start-up suédoise.
ABRP est l’application de planification d’itinéraire la plus connue et la plus prisée des électromobilistes. Même si son interface un peu brouillonne et très « internet des années 2000 » la rend par fois quelque peu absconse et pas facile à prendre en main pour les moins initiés, cette application propose ce qui se fait de mieux, de plus complet et de plus précis en la matière.
Certes ce n’est pas parfait, a fortiori si l’on n’active pas l’option qui permet de connecter sa voiture et ainsi de récupérer ses données de batterie en temps réel, mais si l’on prend le temps de bien paramétrer son trajet, les indications fournies sont généralement fiables et permettent de voyager l’esprit tranquille.
Le chemin le plus court pour la recharge
Car, si l’autonomie n’est plus le seul critère déterminant pour les voitures électriques, il est cependant essentiel de pouvoir compter sur un réseau de bornes de recharge étendu… et de pouvoir les localiser. C’est là que les planificateurs d’itinéraires entrent en jeu, car ils permettent de prévoir un trajet en prenant en compte les emplacements des bornes de recharge, ainsi que d’autres aspects, et notamment le niveau de charge (SOC ou State Of Charge) de la batterie en temps réel.
Néanmoins, si vous pensez que le planificateur est naturellement intégré nativement dans toutes les voitures électriques comme la jauge d’essence pour les thermiques, vous risquez d’être déçu. Si certains constructeurs intègrent cette fonctionnalité directement dans le système d’infodivertissement de leurs voitures, comme Mercedes-Benz, Audi, ou encore Tesla, Renault avec la Mégane E-Tech (avec Android Automotive), ou plus récemment Hyundai avec la Ioniq 5 et la Kona, tous ne proposent pas cette option. Dans ce cas, il faut se rabattre sur des applications tierces comme ABRP ou Chargemap, ou celles des constructeurs, pour ne citer que les plus connues.
Pour revenir à Rivian et sa mainmise sur ABRP, un élément stratégique pourrait vraiment changer la donne. En effet, le constructeur américain n’a pas traîné en route et, à peine le rachat confirmé, a annoncé que le planificateur ABRP était déjà disponible dans ses voitures suite à une récente mise à jour logicielle. L’application conserve les mêmes fonctionnalités et est intégrée directement dans le système d’info-divertissement des modèles R1T et R1S. Et Rivian ne s’est pas contenté d’intégrer simplement l’application, son interface étant devenue par la même occasion beaucoup plus conviviale grâce à une refonte complète.
Rivian frappe un grand coup avec ABRP
Mieux, la marque américaine propose désormais également la possibilité de créer des trajets directement dans l’application mobile Rivian. Les propriétaires de Rivian peuvent planifier leur itinéraire sur le PC de la maison et envoyer directement leur trajet au système de navigation du véhicule. La nouvelle version d’ABRP par Rivian offre également aux utilisateurs la possibilité de personnaliser leurs préférences de voyage, y compris les préférences pour les réseaux de recharge et l’autonomie ou le niveau de batterie restant souhaité à l’arrivée. Les conducteurs peuvent être assurés que non seulement ils atteindront leur destination, mais ils auront également suffisamment de charge pour explorer les environs une fois sur place.
Lors de la planification des voyages, les nouvelles préférences de voyage permettent de définir la plage horaire d’arrivée souhaitée ainsi que ses réseaux de recharge préférés. Lorsque l’on recherche une destination à l’aide de l’onglet « Explorer » de l’application mobile, on peut planifier un voyage et l’envoyer à son véhicule. On peut également ajuster une plage de départ et définir la date et l’heure du voyage depuis l’application mobile. Depuis le véhicule ou l’application mobile, on saisit sa destination, son plan de voyage, qui inclut désormais les arrêts de recharge, les temps de recharge, la durée totale du voyage et l’heure d’arrivée prévue.
Des fonctionnalités qui ne sont pas sans rappeler celles du planificateur Tesla, jusqu’alors considéré comme le meilleur, ou en tout cas le plus fiable. A cela près que celui de Rivian n’est pas exclusif à un réseau mais ouvert à tous les points de charge.
Enfin, pour ceux qui s’inquiètent sur l’avenir d’ABRP et la continuité de sa disponibilité pour tous les électromobilistes ne roulant pas en Rivian (ce qui fait quand même beaucoup de monde), Rivian a tenu a rassurer en précisant que rien ne changeait pour le moment. Un joli coup donc pour le constructeur, sans parler des quantités phénoménales de données qu’il va pouvoir récupérer des voitures de ses concurrents…
Car ABRP sait tout des habitudes de ses utilisateurs, ou plus précisément de leurs voitures. Ce qui pourrait poser un vrai problème de confidentialité. De ce point de vue, ce rachat est une vraie petite bombe dans l’univers policé de l’automobile car c’est littéralement l’entrée du loup dans la bergerie. Pour saisir son impact potentiel, c’est un peu comme si Boeing mettait la main sur le fournisseur du système d’exploitation d’Airbus, et accédait ainsi d’un coup à toutes les données de vol de l’avionneur européen. La comparaison n’est peut-être pas totalement transposable, mais c’est en gros l’idée.
La bataille des planificateurs d’itinéraire
Rappelons au passage que dans le petit monde des planificateurs pour voiture électrique, l’intégration par une marque d’une application tiers n’est pas une première. Ce fut déjà le cas avec Renault et Android Automotive, et Polestar avec… un certain ABRP. Mais là ou Rivian s’est empressé de personnaliser et de simplifier l’interface pour une meilleure intégration et utilisabilité, Polestar s’était contenté de répliquer l’app telle quelle sur l’écran de ses voitures.
Il faut dire que si ABRP fait figure de pionnière en la matière, l’application suédoise n’était plus seule sur son marché. Outre Chargemap, il existe aujourd’hui probablement pas loin d’une dizaine de planificateurs, qu’ils soient indépendants ou produits comme applications « compagnonnes » pour leur voitures. Parmi les plus connues, on peut citer Plugshare, ChargePoint, EV Route Planner, PUMP ou encore ChargeFinder.
De quoi penser de prime abord que ces programmes informatiques et algorithmiques sont en train de devenir le nerf de la guerre de l’électromobilité. Voire même un volet stratégique pour conquérir le marché, et le point de départ et le point focal de nombreuses fonctionnalités et services liés aux déplacements en voiture électrique. Donc, à terme, aux déplacements tout court.
Avant d’imaginer quelques services possibles, rappelons en quelques mots, pour celles et ceux qui ne sont pas encore familiers avec le concept, les fonctionnalités généralement incluses dans un bon planificateur d’itinéraire pour véhicule électrique.
Le planificateur de trajet pour véhicules électriques calcule l’itinéraire le plus praticable, en tenant compte des arrêts nécessaires aux stations de recharge. Les bornes de recharge les plus proches et les plus rapides sont automatiquement ajoutées à l’itinéraire afin que le conducteur puisse atteindre sa destination sans détours inutiles ni arrêts prolongés. L’heure d’arrivée et le temps de charge prévu sont communiqués au conducteur. Idéalement, le relief et la géographie du trajet sont pris en compte dans l’estimation. Le calculateur d’itinéraires électriques peut également envoyer un signal au véhicule concernant l’heure d’arrivée prévue à une station de recharge. En préparation, la batterie de la voiture peut commencer à se réchauffer à la température la plus favorable afin d’obtenir la meilleure qualité de charge possible.
Le point focal de la conduite en voiture électrique
Le planificateur étant le point central du voyage en voiture électrique, et donc de l’attention du conducteur, on pourrait imaginer qu’il prenne en compte d’autres paramètres comme, évidemment, les encombrements et conditions de circulation, et idéalement, la météo, quand on sait que le vent, la pluie et la température ont une influence notoire sur l’autonomie.
Mais on pourrait imaginer d’autres services à intégrer dans le planificateur, qui pourraient même devenir une source de revenus, comme par exemple l’indexation payante des bornes de recharge qui n’y figurent pas nativement, la réservation directe d’un restaurant sur le prochain point de charge en un seul tap sur l’écran, ou d’autres services. En fait, le planificateur du futur pourrait ressembler à une fusion entre celui-ci, Waze et Lastminute… Et il faudrait payer pour y figurer.
Cela étant, l’intégration de services marchands dans les planificateurs ne serait peut-être pas du goût de tous les électromobilistes, et exposerait au risque qu’ils perdent leur côté universel, exhaustif et agnostique.
Les planificateurs sont-ils vraiment là pour durer ?
Et ce d’autant plus que l’on peut aussi se demander si les planificateurs sont là pour durer, ou s’ils sont simplement « un mal nécessaire » pour une période temporaire, celle où il n’y a encore pas assez de points de recharge, où l’autonomie des voitures électriques est parfois encore un peu juste, et le temps de recharge encore un peu long.
Car dans un monde électromobile idéal, quand il y aura plus de stations de recharge que de stations essence (ce qui est en train d’arriver), que l’autonomie des voitures électriques sera d’au moins 500 kilomètres quelles que soient les conditions, et qu’une recharge complète ne prendra que 5 à 10 minutes, il n’est pas certain que les planificateurs soient encore nécessaires.
Ils pourraient alors rejoindre le musée de l’automobile à l’image d’autres équipements autrefois indispensables devenus aujourd’hui obsolètes comme le lecteur de CD (à façade amovible) ou l’allume-cigare. Mais nous avons un peu de marge avant que cela se produise.
Rendez-vous en 2035…
Aujourd’hui je n’utilise plus ABRP qu’à la maison, pour avoir une idée sur un trajet que je n’ai jamais fait du temps de trajet et des arrêts approximatifs, ça me permet par exemple de décider de l’heure de départ, d’où on s’arrêtera pour déjeuner, etc.
Ensuite celui de la voiture est plus précis et en temps réel y compris pour l’occupation des bornes. Ce qui ne m’empêche pas de le contredire parfois si je souhaite m’arrêter plus (ou moins) longtemps, ou ailleurs, chose possible avec le maillage actuel mais qui ne l’était pas il y a encore un an en arrière.
Je commence déjà a ne plus m en servir et m arrêter quand ca m arrange en fonction de mes besoins autre que l’électricité. le navigateur de la voiture ou une carte des stations indique tout simplement les bornes sur la route ou a proximité et souvent le type de borne permet de savoir le type de service (total ionity lidl … ).
C est impressionnant comment ca s est densifié. Fini le temps ou il fallait une Tesla pour etre serein. Ce sont même devenu les stations les moins pratiques aujourd’hui (détour, pas de service, limitation des itinéraires …).
Ben m…e alors 2035 c’est demain vous imaginez plus de VT à vendre que des VE ´si c’est pas une Vrai Révolution ça !
J’ai une Zoé 22KW autonomie été 160 kms sur du plat hors autoroute et à 80km/h je n’utilise jamais de planificateur je prends une carte Michelin et je choisis des points de passage en vérifiant sur ChargePrice les bornes présentes le week-end dernier j’ai fait vendredi Narbonne Roanne(42) 503Kms avec 4 arrêts de 40mns et tout c’est bien passé pour le retour dimanche idem avec une seule prise de risque 50kms d’autonomie et 43 kms à faire en plus on était 3 plus bagages au retour et un col à 780 m à franchir et grâce à la régénération en descendant nickel enfin de compte j’ai appliqué la méthode quand je faisais de la moto avec un réservoir qui était en réserve tout les 100kms
Sur la i5 pour le moment le planificateur est un prototype il faut le télécharger pas encore de système OTA.
En général le planificateur sert pour des déplacements long et non connu avec recharge obligatoire soit pour la majorité des gens une utilisation très rare.
Ça reste un plus à condition que le système embarqué soit mise à jour en permanence donc très vite obsolète.
Article de qualité, merci Mr Dupin.
Le futur des planificateurs passera par les services annexes comme les réservations de dernière minute des restos, hôtels voire commande à l’avance d’un sandwich à la baraque à frites à côté des bornes (qui verse une comm, héhéhé)
Tant qu’il n’y aura pas autant de station de bornes (avec plus que 10 bornes, entretenues et payable en CB hein?) que de stations essence alors le planificateur est utile.
Et si les constructeurs veulent que les gens se convertissent à l’élec ce truc est primordial.
Le planificateur disparaîtra comme le lecteur de cassette audio, le GPS TomTom, le cendrier et la roue de secours ahahahahah
Le planificateur a encore sa place à l’heure actuelle meme si cela devient plus simple sur les grands axes autoroutiers;
je l’utilise plus maintenant pour trouver une recharge à un coût avantageux en fonction de mes besoins et abonnements en filtrant les fournisseurs d’énergie; car avec la jungle tarifaire qu’il existe c’est quitte ou double ou triple pour une recharge.
donc le planificateur doit maintenant se renouveler dans les prochaines années pour fournir un tel service s’il veut survivre
« Les propriétaires de Rivian peuvent planifier leur itinéraire sur le PC de la maison et envoyer directement leur trajet au système de navigation du véhicule »
Enfin l’intégration vraiment utile qui existait il y a plus de 25 ans dans les GPS indépendants et qui a disparue des GPS fournis par les constructeurs.
Parce qu’il y a 25 ans, il était bien plus facile d’intégrer des POI, des trajets types, des adresses … dans un GPS indépendant, qu’actuellement dans un GPS intégré … un câble série, puis USB, un ordinateur et on transférait des éléments allant de la correction des cartes, aux adresses des clients, de la famille, des lieux habituels d’emplacements de la maréchaussée, sans oublier les station services délivrant du GPL.
Essayez donc en 2023 dans un VE neuf
l augmentation de l autonomie par de (trop) grosse batterie ne sert qu à compenser le manque de borne et la peure de la panne.
300km d autonomie reelle sur autoroute en hiver est tres largement suffisant pour tous les usages.
c’est à ces conditions que le VE gagnera definitivement ses lettres de noblesse ecolo, en reduisant au stricte necessaire l impact à la construction qui nous est tant reproché (meme si c’est exagéré et à tord pour 95% des cas).
de plus, la fonction à rajouter qui serrait tres utile, c’est la reservation du creneau de recharge comme le fait electra. ça optimisera le remplissage, le taux d utilisation des stations.et le temps d’attente. et ça aussi on en aura besoin quand la majorité aura franchi le pas.
tout ça pris en compte, les planif gardent toute leur utilité.
cela rappel le gps, qui maintenant est banal dans une majorité de véhicules.
avec ses imperfections mais relativement fiable, si mis a jour.
les constructeurs sont les mieux placés pour les adapter, selon les capacités de leur modèles.
comme pour les moyens de paiements, la simplification est impérative pour convaincre les indécis de passer au VE.
Les conditions décrites pour rendre les planificateurs obsolètes sont quand même loin d’être atteintes. L’expansion des voitures électriques et les temps de recharge, même avec une infrastructure qui progresse, peut leur donner une nouvelle vie : celle d’ajuster automatiquement les planifications de recharge en fonction des bornes disponibles. La technologie progressera plus vite que ce que les anti VE pensent, mais moins vite tout de même que ce que croient les plus optimistes. Attendons déjà de voir l’amélioration des batteries avec les densités énergétiques en hausse et les temps de charge en baisse. La batterie solide ne devrait pas arriver avant 2026.
C’est un bien nécessaire pour les personnes en transition qui ne veulent ou peuvent étudier le voyage électrique. La voiture de fonction mise entre les mains d’un collaborateur du jour au lendemain, etc.. Et si en plus ce collaborateur était un peu réfractaire à l’élec…
Je pense au contraire que les planificateurs ont un grand avenir. En reprenant l’autre jour le véhicule thermique de la famille, j’ai trouvé étonnant qu’il n’y ait pas de planificateur m’indiquant ou faire le plein sur un long voyage. La recharge ne sera jamais aussi simple que faire un plein de carburant.
Après ABRP c’est tout sauf la panacée. Il y a beaucoup trop de plantage, d’approximation. Il n’est pas possible de lui faire confiance de manière aveugle. Il faut vérifier manuellement si le fait de réduire sa vitesse ne permet pas de gagner du temps. Ce n’est pas avec ce type d’outil que l’on amènera les utilisateurs lambda vers la voiture électrique.
Une publication de qualité, merci M Dupin
Il ne faudra pas oublier aussi le maillage des bornes chez les particuliers qui les mettront à disposition, ainsi que de nombreux commerces pendant que l’on fait ses emplettes, les planificateurs auront été utiles pendant la transition.
Quand au rendez vous en 2035, ce sera bien avant !
Je pense que les planificateurs sont voués à disparaitre à plus ou moins long terme avec l’augmentation du maillage du territoire en bornes ultra-rapides et des autonomies des VE. Clairement, si l’on veut que tout le monde puisse passer à l’électrique, et surtout les gens habitants en immeubles, il faut impérativement que la recharge puisse se faire aussi rapidement (ou quasiment) qu’un plein de carburant fossile. L’utilisateur s’arrêtera à la borne comme il s’arrête aujourd’hui à la pompe, lors d’un trajet quelconque. Et c’est donc là que s’arrête l’intérêt d’un planificateur. Il n’y a d’ailleurs à mon avis plus aucun intérêt à installer des bornes lentes dans les grandes agglomérations, cela représente un budget colossal et au final ça ne fera que créer des conflits entre automobilistes pour pouvoir se brancher. Le nombre de véhicules est beaucoup trop important dans ces zones pour pouvoir satisfaire tout le monde.
Reste à gérer la question de l’avantage financier qu’aura toujours celui qui peut recharger chez lui et qui donc ne se branchera sur bornes rapides que lorsqu’il effectuera un trajet qui dépasse l’autonomie de la voiture, c’est à dire plutôt rarement pour l’usager lambda…
Ceci dit, j’ai malheureusement peu de doutes sur la capacité de nos gouvernants à trouver un moyen de faire payer une taxe sur la recharge à tout le monde, y compris à domicile.
Personnellement, je m’en sors mieux en faisant moi même la planification que sur ABRP qui me propose parfois des recharges avec des niveaux de recharge assez contre productives.